Manger le soleil

Une exploration du vivant par le théâtre :

Un chantier artistique

Des fictions de Jean Giono,

Une enquête documentaire menée auprès de paysans,

La pensée et les textes de Baptiste Morizot.


Mise en scène et direction artistique :
Clara Hédouin

Écriture et adaptation :
Romain de Becdelièvre et Clara Hédouin

En collaboration avec Baptiste Morizot.
Avec la participation d’Eric Didry.

En préambule

Le problème de notre société dans son rapport à la diversité du vivant, qui nous amène à la détruire au point de mettre en danger l’habitabilité de la Terre pour nous et nos descendants, ce n’est pas un déficit de savoirs scientifiques sur la biosphère, les lichens, la forêt ou la faune des sols. Il revient plutôt à ce que nous héritons d’une culture dominante dans laquelle les autres formes de vie et nos relations à elles ne sont pas considérées comme de première importance, comme sérieuses, centrales, intéressantes. C’est-à-dire qu’elles n’occupent pas le champ de notre attention collective, c’est-à-dire politique, concernant le monde à faire (ensemble). Le problème, c’est notre intéressement envers les autres formes de vie et les interdépendances qui nous lient à elles. C’est notre concernement. [...]Il faudrait contribuer à vivifier, voire à jeter les bases d’une nouvelle culture du vivant. Au sens d’une culture de la Révolution, quelque chose qui lui confère une importance dans l’espace collectif et l’attention politique ; au sens d’une culture de l’hospitalité, avec des traditions, des pratiques, des imaginaires, des rituels ; enfin, au sens d’une culture du jazz.


Baptiste Morizot, Changer de culture - 2022

Je sais bien qu’on ne peut guère concevoir un roman sans homme, puisqu’il y en a dans le monde. Ce qu’il faudrait, c’est le mettre à sa place, ne pas le faire le centre de tout, être assez humble pour s’apercevoir qu’une montagne existe non seulement comme hauteur et largeur mais comme poids, effluves, gestes, puissance d’envoûtement, paroles, sympathie. Un fleuve est un personnage, avec ses rages et ses amours, sa force, son dieu hasard, ses maladies, sa faim d’aventures. Les rivières, les sources, sont des personnages : elles aiment, elles trompent, elles mentent, elles trahissent, elles sont belles, elles s’habillent de joncs et de mousses. Les forêts respirent. Les champs, les landes, les collines, les plages, les océans, les vallées dans les montagnes, les cimes éperdues frappées d’éclairs et les orgueilleuses murailles de roches sur lesquelles le vent des hauteurs vient s’éventrer depuis les premiers âges du monde : tout ça n’est pas un simple spectacle pour nos yeux. C’est une société d’êtres vivants.[...] On ne peut pas isoler l’homme. Il n’est pas isolé. Le visage de la terre est dans son cœur.

Jean Giono, Le Chant du Monde - 1935

« Manger le soleil » est une expression de Baptiste Morizot. Elle raconte que nous sommes pris dans une seule et même chaîne trophique (alimentaire), elle dit notre dépendance à l’égard des environnements donateurs qui nous fondent, elle dit enfin que nous sommes des vivants parmis les vivants, et elle nous fait nous aimer comme tel. Le défi, c’est de transformer cette idée en une aventure théâtrale qui soit aussi généreuse qu’elle. Et pour cela, décentrer sa pratique hors de nos murs, hors de nos villes, et s’intéresser à ce que devient le théâtre quand on le joue au milieu d’un champ, d’une exploitation agricole, ou en pleine forêt. Quand on essaie de les faire entendre autant que les acteurs. Quand le coeur de ce qui se passe tient à cette rencontre, à ce mélange, transformant notre regard et notre écoute. Est-ce que le théâtre peut ainsi contribuer à cette « culture du vivant » que Baptiste Morizot appelle de ses voeux ? Est-ce qu’on peut, au théâtre, comment l’exige Giono pour l’écriture romanesque, « ne pas faire de l’homme le centre de tout » ? Mais laisser parler les autres présences vivantes qui l’entourent et le font vivre, sans diminuer en rien, pourtant, notre appétit de jeu ? En revigorant au contraire nos corps et nos voix, en se mettant à la hauteur des paysages dans lesquels on s’installe, et du soleil qui nous éclaire ? Forte des expériences théâtrales que j’ai menée les années qui précèdent, je voudrais essayer. Cette tentative n’est pas un seul spectacle, mais une quête, une exploration, une expérimentation aux mille possibles, aux mille figures.

La genèse : de Dumas à Giono

Après huit années de travail d'adaptation et de mise en scène des Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas, sous la forme d'une série théâtrale jouée en extérieur, dans des lieux publics, je souhaitais travailler plus avant la relation avec le dehors et ceux qui l’habitent : humains et non humains, visibles et invisibles. Jean Giono, dont toute l’oeuvre trahit cette attention si fine portée au(x) vivant(s), s’est révélé le partenaire littéraire dont j’avais besoin, et avec lequel j’ai commencé à cheminer. Rapidemment rejointe par Romain de Becdelièvre, compagnon d’écriture depuis Les Trois Mousquetaires, et en dialogue avec le philosophe et l’écrivain Baptiste Morizot, nous commençons notre exploration l’été 2020.
Notre attention s'est alors portée, presque naturellement dans un premier temps, vers Le Hussard sur le toit, pour la dimension épique, l'humour et les ambiguités héroiques qu'il partage parfois avec le roman de Dumas. Puis l'épidémie du Covid-19 est passée, et il nous a semblé difficile de nous emparer de ce roman sur la maladie et ses conséquence, de ne pas forcer sa lecture par le contexte général. L'actualité sait parfois imposer ses lourdeurs...C’est alors que nous avons découvert Que ma joie demeure, l'histoire du plateau Grémone, de ses différents habitants, et elle nous a arreté. La langue du roman, l'importance des gestes, son personnel romanesque et l'espace du plateau, ses précisions et ses beautés descriptives nous ont provoqué, théâtralement.

Nous avions par ailleurs amorcé avec Dumas un travail d'archéologie parallèle sur des formes de "western français", et l'oeuvre de Giono, ses grands espaces et son rapport trouble à la loi, représentait pour nous une seconde borne dans ce parcours.
Enfin ce roman-là, mieux qu’un autre, semblait surtout donner corps (et récit) à cette ambition première : celle de mettre au centre du projet des relations au vivant et au sauvage renouvelées, enrichies et informées - en s’écartant des deux tendances propre à la tradition occidentale, et qui sont le revers l’une de l’autre : la première qui exploite, instrumentalise ou contrôle, la seconde qui sacralise, met le vivant sous cloche, et le poétise sans s’y intéresser vraiment. L’enjeu essentiel d’un tel projet est donc de créer une relation inattendue à l’environnement vivant dans lequel peut prendre place notre performance, en faisant sortir (et bondir!) les autres vivants hors de la « toile de fond » qui est toujours le second plan des relations humaines, pour les ramener dans l’action, c’est-à-dire au premier plan.

Que ma joie demeure, qui ramène la vie et la joie sur le plateau grâce à l’irruption de formes de vies différentes, autonomes, sauvages enfin, semblait offrir exactement l’espace imaginaire mais aussi poétique que nous cherchions.
Au même moment, le Théâtre du Sillon, de Clermont-l’Hérault, nous propose de participer à une « Barula » (randonnée-spectacle) en septembre – l ’occasion de produire une première esquisse du projet, en adaptant le début du roman. Le 26 septembre 2020, après 8 jours de travail au mois d’août, nous créons avec 6 acteurs, dans les collines de l’Hérault, la première partie de Que ma joie demeure : un spectacle en 5 tableaux, qui seront 5 arrêts dans 5 paysages et dispositifs différents, au fil de la marche : champ, sentiers, crêtes, sous-bois, village.
Nous commençons à l’aube, le soleil se lève derrière les acteurs qui descendent de la forêt, très loin face aux spectateurs installés dans un champ, et nous finissons avec le déjeuner, lors d’un banquet avec les producteurs locaux que nous partageons avec le public. La magie opère. Nous commençons alors à imaginer la suite. Le projet semble déjà promettre de nombreux possibles....


L'adaptation de Que ma joie demeure

NARRATEUR 2 – Depuis longtemps il attendait la venue de quelqu’un. Il ne savait pas qui. il ne savait pas d’où il viendrait. Il ne savait pas s’il viendrait. Il le désirait seulement.

Le roman se passe sur un plateau des Alpes de Haute Provence, et raconte l'histoire d'un groupe de paysans – Jourdan, Marthe, Jacquou, Aurore, les Randoulet…– qui sont conduits, par la présence d'un étranger, Bobi, à modifier totalement le rapport à leur terre, à leur sol, à la forêt qui les entoure et aux animaux qui la peuplent. Avec lui, les oiseaux vont repeupler le ciel, et les ongulés sauvages la forêt qui borde les champs. « Peut-être que vous avez un peu trop cultivé la terre de bord à bord ? » dit Bobi aux gens du plateau. Peut-être… et c'est tout un monde qui change. La tristesse et la dépression qui habitaient jusque-là le plateau laissent progressivement place à la joie, à la renaissance de la joie, et bientôt celle-ci envahit tout, avec une sensualité qui le déborde et un désir qui dévore les personnages…jusqu’à la mort.

ADAPTATION ET DISPOSITIF - PRINCIPES DE TRAVAIL

NARRATEUR 3 – Qu’est-ce qu’on voit ?
MARTHE – C’est le grand gel. Il n’y a rien, ni dans le ciel, ni dans la terre. On est seul, à cent kilomètres tout autour.
NARRATEUR 1 – On voit le ciel, voilà ce qu’on voit ! Un ciel clair, net et pur.
NARRATEUR 2 – Un ciel terrible dont on peut voir l’infinie viduité, l’infinie solitude, la cruauté effrayante et sans borne.
JOURDAN – Et ce ciel, pardon mais : il se casse la gueule sur le toit de la ferme.

Nous adaptons Que ma joie demeure, en sortant une fois de plus des théâtres. Non seulement pour jouer dehors et avec le dehors, comme avec Dumas, mais aussi pour faire entendre et résonner des passages du roman de Giono dans la nature, pour rendre à son écriture quelque chose de sa puissance d'évocation du vivant, au-delà d'une supposée naïveté bucolique et du regard touristique contemporain.

Nous voulons aussi, par ce projet d'adaptation, convoquer et réunir des spectateurs dans des paysages. Des forêts, des clairières, des exploitations agricoles, ou des zones en friches. Quels effets peuvent produire les paroles des personnages et les phrases de Giono, dites en extérieur, dans ces lieux ? Comment restituer les mouvements de l'air, du vent, et les gestes de ses descriptions ? Comment faire vivre le plateau Grémone, en Ardèche, en Drôme, en Haute-Loire, mais aussi dans l’Hérault, l’Ariège, ou la Bretagne ?
Le paysage, chez Giono comme dans notre pratique théâtrale, n'est pas un décor mais bel et bien un principe actif qui tient le premier plan de l'écriture et de la narration. Comment sortir les gens (personnages comme spectateurs) du décor ? 

Que ma joie demeure sera donc un spectacle en 2 parties de 5 tableaux chacune, soit 10 au total – un dyptique, pouvant être joué séparément ou en intégralité. Au cours d’une marche chaque fois unique et dont la durée peut varier, les spectateurs s’arrêtent dans des paysages, des espaces et des dispositifs singuliers, (tantôt en frontal,tantôt en bi-frontal, tantôt en cercle, etc). Les six acteurs sont présents à chaque fois, pour faire exister la polyphonie descriptive et conteuse de Giono. Ils sont tous à la fois personnages et narrateurs, prenant régulièrement en charge les descritions du vivant qui font la richesse du texte. Des scènes du roman apparaîssent alors comme des tableaux, des instants où la parole et les corps font voir un contexte rural, le commentent ou le contredisent, le subliment ou le critiquent, et en extraient (peut-être) une « joie » qui n’a rien de naïf.

LA JOIE ?

BOBI – La vérité c’est que nous avons besoin de joie. Nous irons chercher les biches et vous verrez.

Car Que ma joie demeure invite à enquêter sur une notion, une puissance simple, une odeur et un mystère : la joie. Elle est brandie par l'énigmatique Bobi qui propose de la faire revenir parmi les paysans : "C'est fait, mon vieux pour que notre joie demeure." La joie prend la forme d'un désir collectif. La possibilité de son retour sur le plateau semble passer par les animaux, les perceptions du cerf, les scènes de table, et les dialogues.
L'échec, foudroyant, final et tragique du roman, de cette utopie collective, nous intrigue aussi. Retracer l'itinéraire de ce qui rate, et le rôle messianique, tour à tour inquiétant et didactique de l'acrobate Bobi permettent enfin de tendre l’action, en la rendant inquiètante et dangereuse.

MONTAGE - DOCUMENTAIRE ET FICTION

MARTHE - Une de ces maladies que donne le travail. Le coeur mourait.

Que ma joie demeure s'ouvre sur une tristesse : la maladie de Jourdan, de Marthe et de tous les habitants du plateau. Cette "lèpre" du travail interpelle. Que s’est-il passé ici ? Cette maladie me pousse à enquêter sur les formes contemporaines de travail de la terre, et sur les transformations, parfois malades, de la paysannerie.

En parallèle de l’adaptation, nous commençons alors, Romain et moi, un travail de collecte de témoignages, documentaires et sonores, d’agriculteurs et d’éleveurs d’aujourd’hui. Comme un moyen pour nous d'ancrer chaque représentation sur un territoire. Que reste-t-il du souci (dans tous les sens du terme) de la terre aujourd'hui ? Qu'est-ce qui a changé dans le paysage et chez les paysans ? "Qu'as-tu fait pour ta maladie ?" nous semble une question urgente, adressée aux spectateurs d’aujourd’hui.

Par le travail du montage, entre documentaire et fiction, nous commençons ainsi à imaginer de croiser les discours et de voir ce que produit cette rencontre entre la langue de Giono et des témoignages de paysans sur leur travail, leurs passions. Comment vivent ceux qui travaillent le paysage à présent ?

Car en effet, il ne s'agit pas de considérer le roman de Giono comme un document sur la paysannerie des années 30, mais de voir en quoi le plateau Grémone peut figurer un lieu suffisamment large pour accueillir des paroles venues d'ailleurs. Et de voir comment elles peuvent donner des voix aux bouleversements et aux lignes de force du monde rural, hier comme aujourd’hui.

Ce travail documentaire nous conduit plus loin, et nous pousse à imaginer d’autres types de formes.  

La création d'un prélude : Le Prélude de Pan

Après notre première étape de travail avec le théâtre du Sillon, à Clermont-l’Hérault, en septembre 2020, le festival des Tombées de la Nuit en Bretagne s’associe au projet et nous invite en résidence en juillet 2021, à Bécherel. S’invente alors, avec une petite partie de l’équipe (3 acteurs), un prélude à la création de Que ma joie demeure.
Cette petite forme, pensée elle aussi au fil d’une marche, au cours de laquelle on quitte progressivement le coeur de ville pour se rendre dans des lieux qui appartiennent à des exploitations agricoles et des paysages ruraux, se compose à partir d’une nouvelle de Giono, préfiguratrice des enjeux traités dans Que ma joie demeure : Le Prélude de Pan.

Le Prélude de Pan est un conte étrange, qui fait le court récit à la fois apocalyptique et extatique de noces entre hommes et bêtes, à l’occasion d’une fête votive. Nous décidons, Romain et moi, d’arriver sur place un peu en amont et de reprendre ici notre travail d’enquête documentaire. Pendant une semaine, nous enregistrons le jour et montons le soir les témoignages d’un paysan-boulanger, d’un maraîcher, d’une famille d’éleveurs de cochons et d’agriculteurs de Bécherel, Minias-sous-Bécherel et Saint-Pern. Puis nous répétons 5 jours dans les lieux choisis, et commençons à imaginer un montage entre la matière documentaire et fictive, la langue de Giono et celle des agriculteurs d’aujourd’hui. Le montage du conte et du documentaire, la marche entre les différentes scènes, l’occupation, parmi les différents lieux, d’une ferme où l’exploitant nous fait de la place et travaille avec nous, la présence, lors des représentations, des mêmes paysans qui nous ont prêté leurs voix, enfin la circulation poétique et concrète de ces dons réciproques, in situ, nous fait prendre conscience de l’immense richesse du projet, qui devient collectif en un sens inattendu et élargi : reliant une langue, une matière littéraire, un territoire, une terre, des paysages, et ceux qui le fabriquent – humains et non humains.

Un montage romanesque et documentaire : Sur les rives de la joie

En novembre 2021, commence un important partenariat avec le Théâtre National Populaire (TNP), qui nous permet d’attaquer l’adaptation de la deuxième partie de Que ma joie demeure sur le plateau du Haut-Lignon, (en Haute-Loire) – territoire, qui, par bien des aspects, ressemble à celui décrit par Giono. Là aussi, nous consacrons une partie de notre temps sur place à de l’enquête, arpentons le plateau et rencontrons des agriculteurs et des éleveurs. Nous sommes alors en partie guidés par le travail d’un documentariste, Jean Hatzfeld, qui nous a précédé sur place, dans les années 90, lors de son compagnonage avec Raymond Depardon. En arpentant le plateau, nous marchons régulièrement sur ses traces, et l’un des acteurs commence à filmer certaines de nos rencontres, et les paysages traversés. Quelques mois plus tard, en mars 2022, a lieu notre sortie de résidence – exigée en salle par la communauté de commune qui nous accueille. Pour l’occasion, nous créons alors une nouvelle forme : un montage entre certaines scènes de Que ma joie demeure, alternées avec l’enquête de Jean Hatzfeld sur les paysans du Haut Lignon pour le journal Libération en 1990 ( Sur les rives du Lignon ), et nos propres entretiens menés cette année-là parfois auprès des mêmes familles que celles interrogées par Hatzfeld vingt ans plus tôt, tantôt diffusés et tantôt joués ou retransmis par les acteurs, auxquels s’ajoute enfin un travail vidéo, grâce aux paysages filmés pendant nos séjours sur place. Cette forme, nous la nommons, en référence au titre de l’enquête de Hatzfeld, Sur les rives du Lignon : «  Sur les rives de la joie  ». Une nouvelle fois, nous faisons l’expérience de cette circulation entre la matière littéraire de Giono, des paysages, un territoire, mais aussi les récits de vie de certains agriculteurs d’aujourd’hui, et l’histoire de la paysannerie dans laquelle ces récits s’insèrent. La richesse du projet se manifeste alors sous une nouvelle forme : en salle, entre vidéo, témoignages, fausse conférence, et re-découpage de Que ma joie demeure.

Une lecture de Baptiste Morizot

Baptiste Morizot est associé à mes réflexions depuis le début du projet. Mais il devient très vite un collaborateur artistique à part entière. En plus des nombreuses discussions autour de Que ma joie demeure, des différentes dimensions du projet, poétiques et documentaires, nous commençons à imaginer ensemble une série de lectures de ses textes, extraits de Sur la Piste animale, Manières d’être vivants, Raviver les braises du vivant, S'enforester..., qui entrent en résonance avec ceux de Giono. Ainsi, à l’occasion du Festival Paris l’été 2021, et avec l'aide et le regard d'Eric Didry, nous créons et montons une première lecture de récits de pistages, extraits de « Sur la piste animale ». Nous l'intitulons : Des nouvelles de l’Invisible.

Cette première lecture, pour Baptiste et moi, est une étape. Nous imaginons rapidement qu'elle soit suivie de deux autres volets : une traversée de textes sur la forêt, et une plongée dans le temps long de l’évolution, celui de nos "ancestralistés animales", ces puissances que nous lèguent en partage nos ancêtres non-humains, ces parents « aliens » que sont les autres vivants. Chacune de ces trois lectures serait plus théâtrale que la précédente, et inviterait plus d’acteurs, passant de la forme épurée du récit à une voix à une forme plus ouverte et plus ample, et délaissant progressivement la lecture et le livre pour laisser place au jeu. Ce triptyque dépasserait donc largement le cadre de la simple lecture, activant à plein les puissances du conte, réunissant acteurs et spectateurs non pas dans un décor mais dans un milieu naturel, dont toute la force pourrait s'exprimer en même temps que celle d'une langue et d'un texte – avec eux. 
Aujourd'hui, ce projet de série de lectures évolue vers un projet de mise en scène, Manières d'être vivant, d'après l'ouvrage du même nom, de Baptiste Morizot.

Une "fabbrika" : Les oiseaux migrateurs

En 2022, le Channel, Scène nationale de Calais, me propose une "fabbrika" : un travail au long cours mené avec des amateurs de tous âges, et cette fois dans un espace public de Calais ou de ses alentours. Pour continuer l'exploration en cours, en écho à Giono, à Morizot, et surtout pour répondre à la situation particulière (historique et géographique) de Calais, j'imagine un spectacle dont "les oiseaux migrateurs" seraient les héros. Pour fabriquer la chose, j'invite deux complices : Pierre Giafferi et Maxime Le Gac Olanié. Cela donnera une création menée à 3, avec 35 acteurs, au Fort Vert, site naturel emblématique de Calais.

Une Future création : Manières d'être vivant

Un groupe de pisteurs et pisteuses éparpillés dans la montagne s’appellent et se retrouvent. Ils ont perdu la trace de la meute qu’ils suivaient depuis plusieurs
heures. Ils cherchent à comprendre. Que s’est-il passé ? Tout est allé si vite, et les loups, furtifs, se sont dérobés à la vue plus vite encore qu’ils ne sont
apparus – mirages à 4 pattes. Leurs corps et leur coeur leur permettent en effet de gravir et dévaler des pentes en moins de temps qu’il ne nous en
faut pour choisir le bon chemin. Alors la bande d’humains épuisée, égarée, cherche encore, devise, analyse, enquête dans la neige.
Mais voilà que le monde se renverse. Ceux qui s’affairent devant nous pour retrouver la meute ne sont plus des êtres humains dans la forêt mais des facultés
dans notre esprit qui pistent… une idée. Des puissances de la sensibilité, sous nos yeux, et sur le plateau, s’activent : les brillantes intelligences de la Main, du
Doute, de l’Amour, de l’Imagination, du Sens de la vue, du Raisonnement et de la Poésie sont en train de recomposer le monde sur une scène qui devient tout
d’un coup une scène mentale…En nous, (et néanmoins face à nous), le vivant pense le vivant, et nous entraîne dans une aventure d’idées et de
métamorphoses en cascade, un tourbillon de relations multi-spécifiques qui redéfinissent ce que vivre veut dire.

Cette prochaine création aura deux versions : l'une en extérieur, l'une en salle.
Manières d'être vivant (dehors).
Manière d'être vivant (dedans).

METTRE EN SCÈNE LA PENSÉE

C’est l’un des premiers défis de ce travail.
Manières d’être vivant n’est pas un roman, n’est même pas un texte guidé par une trame narrative. C’est un livre où les idées buissonnent avec leur logique propre, sans chronologie, fabriquant une expérience de lecture singulière, où l’on va de surprise en surprise, et où peu à peu, nos corps, nos vies, et le monde se découvrent autrement. C’est un livre de philosophie.

Mais on n’a rien dit quand on dit le mot « philosophie ». Car Manières n’est pas non plus un simple « essai », où la pensée se déploie, autonome, détachée de l’expérience. C’est tout le contraire. Il y a dans ce livre, des paysages, des expériences, et des idées qui leur donnent une autre dimension. Une dimension de plus. Il y a aussi dans ce livre quelque chose de la quête amoureuse de l'Autre qui court, quête qui reste en un sens inassouvie, puisque ces «Autres», les nonhumains, demeurent presque toujours insaisissables ou invisibles, et que leur mystère augmente à mesure qu'on s'intéresse à eux, à leur "manière d'être vivant", à mesure qu'on comprend leur singulière intelligence, ou leur finesse comportementale. Plus on avance dans l’enquête, (car il y a bien toujours une enquête, et une enquête menée sur le terrain, dans la neige, dans la forêt, dans les rivières), moins on les voit, mais moins on est seuls aussi. La vie, le monde se repeuplent autrement. Mystérieusement.

Au fil de cette quête, et enquête, il y a donc certains moments où le monde se révèle tout autre que celui qu'on a l'habitude de voir, et ce sont ces moments-là qui m'intéressent le plus : le moment où l'on découvre que les laissées des loups ont une fonction géo-politique, le moment où l'on comprend que nos gestes les plus "humains" (comme le fait de prendre quelqu'un dans ses bras par exemple) est une possibilité d’expression de l’amour permise par notre corps de
bipède, où l’on comprend que nos émotions les plus "spirituelles" (comme celle que peut déclencher la vue d'un coucher de soleil) sont elles aussi animales, héritages de notre passé de primate frugivore amoureux des ocres et des rouges qui colorent les fruits autant que le ciel qui mûrit chaque soir, ces moments où l'on réalise enfin que nous sommes tissés à d'autres et que ce sont ces tissages qui rendent non seulement la vie possible, mais aussi notre liberté, et nos
désirs, nos luttes, nos recherches, tout. Bref, ces moments où tout d'un coup, les cartes de "qui nous sommes" sont rebattues, et où le trouble s’installe.
Ce sont ces troubles, ces vertiges, qui m'attirent. C'est pour les partager avec les spectateurs que je monte ce spectacle.

DES DÉTECTIVES SAUVAGES

Il y a donc un enjeu à rendre la pensée « indispensable ». Dramaturgiquement, visuellement, matériellement.
Pour cela, il faut que l’expérience qui la fasse naître soit restituée (par le récit ou par l’action) avec toute la densité d’un mystère à résoudre, d’une énigme à dénouer. Il faut réussir à emprunter la « voie » de Baptiste lui-même, (comme lorsqu’on piste un animal) pour qui « écrire » et « penser » sont une seule et même chose – une chose vitale.
Ainsi, les interprètes seront à la fois des enquêteurs et enquêtrices du monde vivant, retraçant les expériences mêmes dont l’auteur nous fait part, et des pisteurs et pisteuses d’idées. Ils et elles se partageront les différentes voix intérieures du livre, comme s’il fallait refaire émerger au présent les idées qui permettent de l’écrire. Ils passeront ainsi régulièrement de la reconstitution de l’expérience, ou du récit qui permet de la convoquer au plateau, à son interprétation en tant qu’énigme. Ils s’efforceront d’élucider, de trouver, de définir précisément ce qu’il s’est passé ce soir-là dans la neige, cet autre jour au « Col de la bataille », ou cette autre fois dans la forêt.
Et « penser » sera leur épopée.
Dans ce jeu d’alternance, entre l’action et la compréhension de l’action, entre le récit et son analyse, les acteurs et actrices du spectacle changeront alors de statut : ils deviendront soudain des puissances de la pensée et de la sensibilité, des « intelligences » qui vivent en nous et nous permettent de vivre : celle de l’imagination, celle du raisonnement analytique, celle de l’amour interspécifique, celle de l’oeil, celle de la poésie, celle de la main, celle du doute. Fabriquant
ensemble le présent de la vie, et fabriquant ensemble un parcours d’idées.
L’espace lui-même aura donc basculé : passant de paysage à scène mentale. Comme l’envers et le revers d’une même pièce. D’un même spectacle.

DEDANS/DEHORS : UN DIALOGUE

Mettre en scène l’invisible : la pensée d’un côté, le monde vivant de l’autre. Cette quête théâtrale a relancé un questionnement sur le lieu.
Car continuer à travailler dehors, à explorer ce qu’un théâtre « dans la nature » peut signifier et impliquer, avec ce texte, me semblait à première vue évident, et nécessaire. Mais laisser la place à la pensée, réussir à matérialiser de façon visuelle et poétique des idées philosophiques, cela, la boîte noire avait peutêtre plus de ressources pour le faire.
Alors que choisir ?
D’un côté la présence pleine d’un milieu naturel habité par des milliers de vivants pour dialoguer avec le texte de Morizot, de l’autre, un espace vide à faire résonner : nos théâtres, nos boîtes noires.
Dans un cas : une danse avec les présences sensibles et vivantes d’un milieu.
Dans l’autre : une danse avec l’obscurité du théâtre, avec le manque et l’absence.
Utiliser à plein les puissances visibles du dehors, ou utiliser à plein les puissances d’une boîte noire, c’est-à-dire de l’invisible ?
J’ai décidé de ne pas choisir.

Car ce double défi m’intéresse. Il permet d’intégrer l’espace architectural traditionnellement dévolu au théâtre à mes questionnements, comme un espace « vide » à hanter, à peupler et repeupler de vivants non-humains. Il intégre aussi cette relation au lieu dans la recherche plus large qui m’occupe depuis quelques années sur la façon dont le monde vivant peut s’inviter dans nos formes théâtrales. Enfin, cette double création permet de faire dialoguer une pratique avec une autre, le dedans avec le dehors, et de continuer à se demander ce que les espaces changent à la dramaturgie et à la conception d’un projet comme celui-ci.
Les résidences se feront donc en alternance : tantôt en intérieur, tantôt en extérieur.
Ainsi, le spectacle sera peut-être composé d’éléments qui varieront, et peut-être que certaines scènes n’existeront que dehors, d’autres que dedans. Cette création aura, en tous cas, deux visages. Elle se dédoublera en deux expériences différentes, dont, je l’espère, émergeront, sinon des réponses, au moins de nouvelles réflexions théâtrales.

LA NUIT : UN MILIEU IMMERSIF

En revanche j’aimerais explorer une dimension du dehors encore jamais véritablement travaillée ni dans les Mousquetaires ni dans le Giono, une dimension qui fait trait-d’union avec la salle : la nuit. Je voudrais penser la nuit comme une actrice de plus : qui agit sur le jeu, sur le son, et avec laquelle la lumière travaille. Celle-ci aura donc une fonction toujours double : concrète et métaphorique. Car en effet, au fil de l’enquête, les personnages éclairent des pans du monde, même si l’obscurité ne cesse de grandir à mesure qu’on la sonde. De même, les corps humains ne se découvriront pas toujours, ils ne seront parfois visibles qu’en partie, (seulement les pieds et les jambes par exemple, parce que les acteurs pisteraient à la lampe de poche et chercheraient des empreintes au sol…), renforçant l’interrogation sur leur propre statut : qui sont ces animaux qui nous parlent ? Il s’agit d’étrangéiser les corps et d’approfondir la dimension mystérieuse du texte, et de s’aider pour cela de tout ce que la nuit (dans la nature/et potentiellement aussi en salle) crée sur nous : elle altère nos perceptions, elle aiguise les sensations, elle nous met à l’affut. C’est ce type d’attention qui m’intéresse. Je voudrais pour cela que le public soit conduit à un point de rdv précis (un parking près d’une foret par exemple) puis emmené sur le lieu de jeu à la frontale. Celui-ci serait à 15 minutes de marche, loin des lumières et des sons de la ville…propice à nous faire entrer dans autre chose : un milieu où les présences humaines
pourraient être minoritaires...

CALENDRIER DE CRÉATION

  • Laboratoire du 5 au 9 février 2024, Théâtre National Populaire, Villeurbanne
  • Du 18 au 25 mars 2024, àl’Abbaye de Fontfroide, avec la Scène Nationale du Grand Narbonne
  • Une semaine en août 2024, Les Aires – Théâtre de Die et du Diois
  • Trois semaines en janvier-février 2025 (en recherche de lieu).
  • Deux semaines en avril 2025 à l’Abbaye de Fontfroide, avec la Scène Nationale du Grand Narbonne
  • Deux semaines en mai 2025 en salle.
  • Trois semaines en juin 2025 en extérieur, avec les ateliers Frappaz, à Villeurbanne, Création dehors.
  • Deux semaines en septembre-octobre 2025, Théâtre National Populaire, Villeurbanne, Création dedans.

PRODUCTION EN COURS

Les prochaines dates

7-8 septembre 2024
Théâtre National Wallonie-Bruxelles
Le Prélude de Pan à Marchin

21-22 septembre 2024
L’Avant-Scène Cognac
Que ma joie demeure

27-28 septembre 2024
Derrière le Hublot Capdenac
Que ma joie demeure

19-20 octobre 2024
L'Estive-Scène Nationale de Foix et de l'Ariège
Que ma joie demeure

Puis au printemps 2025 :
Les Gémeaux Scène nationale de Sceaux, Théâtre de Bretigny, Théâtre de L’Usine à Saint-Céré, Les Tombées de la Nuit à Rennes…

Les dates passées

6 et 7 juillet 2024
Ferme du Buisson Scène Nationale et Festival Par Has’ART
Recréation de Que ma joie demeure  (Intégrale) dans l’agglomération Paris-Vallée de la Marne
https://www.lafermedubuisson.com/fr/que-ma-joie-demeure

29 et 30 juillet 2024
Théâtre Nanterre Amandiers
Recréation de Que ma joie demeure (Intégrale) sur le site de Port-Royal des Champs, dans les Yvelines.
https://nanterre-amandiers.com/evenement/que-ma-joie-demeure-jean-giono/

22 et 23 juin 2024
Le Carreau - Scène nationale de Forbach, Nest - CDN Transfrontalier de Thionville Grand Est
Recréation de Que ma joie demeure  (Intégrale) au Lycée Agricole de Courcelles-Chaussy
https://carreau-forbach.com/programmation/que-ma-joie-demeure/

04 et 05 juin 2024
L'Estive-Scène Nationale de Foix et de l'Ariège
Lecture des Nouvelles de l’Invisible à Pamiers et Vira
https://www.lestive.com/evenement/nouvelles-de-linvisible/

1er et 2 juin 2024
Scène Nationale Grand Narbonne
Recréation de Que ma joie demeure  (Première partie) au Château Beauregard Mirouze
https://www.theatrecinema-narbonne.com/evenements/que-ma-joie-demeure/

25 et 26 mai 2024
La Garance, Scène Nationale de Cavaillon
Et avec Le Citron Jaune – Centre national des arts de la rue et de l’espace public (Port-Saint-Louis-du-Rhône) et le Centre Culturel Cucuron Vaugines. En partenariat avec le Parc naturel régional du Luberon
Recréation de Que ma joie demeure (Intégrale) dans le cadre du Festival Confit
https://www.lagarance.com/que-ma-joie-demeure-collectif-49-701

18 et 19 mai 2024
Le Channel, Scène nationale de Calais
Recréation de Que ma joie demeure (Intégrale) sur la côte d'Opale
https://lechannel.fr/fr/evenement/que-ma-joie-demeure-lintegrale/

6 et 7 avril 2024
Théâtre La Passerelle, Scène Nationale de Gap Alpes du Sud
Recréation du Prélude de Pan à Sigoyer
https://www.theatre-la-passerelle.eu/Le-Prelude-de-Pan

28 mars 2024
Scène Nationale Grand Narbonne
Lecture des Nouvelles de l’Invisible à l'Abbaye de Fontfroide
https://www.theatrecinema-narbonne.com/evenements/les-rencontres-animage-2024/

21 septembre 2023, 14 décembre 2023
Nanterre Amandiers, cycle quatre temps-quatre saisons
Lecture des Nouvelles de l’Invisible dans le Parc André Malraux, et à la ferme du Bonheur, à Nanterre.

27 août 2023
Arles, festival Agir pour le vivant, 4ème édition
Lecture des Nouvelles de l’Invisible

Du 17 au 24 Juillet 2023
Festival d'Avignon - IN
Recréation de Que ma joie demeure (intégrales x6) - Barbentane
https://festival-avignon.com/fr/edition-2023/programmation/que-ma-joie-demeure-332034

16 juillet 2023
Festival d'Avignon - IN
Enregistrement des Nouvelles de l’Invisible (d’après Sur la piste animale, de Baptiste Morizot) pour les Fictions de France Culture, réalisation Cédric Aussir
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/fictions-theatre-et-cie/du-ciel-a-la-terre-des-nouvelles-du-cosmos-4967216

10 et 11 juin 2023
Scène nationale de Foix et d’Ariège, l’Estive*
Recréation de
Que ma joie demeure* (Première partie) à Greffeil (Aude) et Vira (Ariège)

3 et 4 Juin 2023
Théâtre National Populaire et Théâtre de Villefranche sur Saône*
Recréation de
Que ma joie demeure* (Intégrale) à Ranchal

27 et 28 mai 2023
CNAREP Pronomade(s)
Recréation de Que ma joie demeure (Intégrale) à Belbèze-en-Comminge (Haute-Garonne)

1et 2 octobre 2022
CNAREP Pronomade(s)
Recréation du Prélude de Pan et lecture de des Nouvelles de l’Invisible (d’après Sur la piste animale, de Baptiste Morizot) à Ausseing (Haute-Garonne)
Nouveaux entretiens réalisés sur place, et intégrés au spectacle (Robert Estaque, Alexandre Ader, Eloï Sanchez…)

Du 25 au 28 août 2022
Théâtre à Villerville
Recréation du Prélude de Pan avec le Festival de Villerville en Normandie.
Nouveaux entretiens réalisés sur place, et intégrés au spectacle (Didier de la Porte, Julien Chouine…)

23 et 24 juillet 2022
Festival Paris l'été
Recréation de Que ma joie demeure (Intégrale) sur le site de l'Abbaye de Port-Royal des Champs, dans les Yvelines

4 et 5 juin 2022
Le Channel, Scène nationale de Calais
Recréation de Que ma joie demeure, (Première Partie) sur la côte d’Opale

14 et 15 mai 2022
Le Sillon, Scène conventionnée Clermont-l'Herault
Création de Que ma joie demeure (Intégrale) dans l’Hérault, au cours d’une randonnée depuis le hameau des Montades, et jusqu’au village de Cabrières

23 mars 2022
Plateau du Haut-Lignon, Théâtre du Mazet Saint-Voix (Haute-Loire)
Sortie de résidence et création de Sur les rives de la joie, montage romanesque et documentaire à partir de textes de Jean Hatzsfeld, de Jean Giono, et des entretiens menés sur place.

Automne-Hiver 21-22
Résidence de création*
Résidence de création sur la deuxième partie de
Que ma joie demeure*, à Cabrières avec le Sillon, en Corse avec l’Aria, et sur le plateau du Haut-Lignon, avec le TNP et la communauté de commune du Haut-Lignon.
Enquête documentaire réalisée sur place auprès de Mathieu Valla, Christophe Devidal, Lise et Nicolas Russier…

21 juillet 2021
Festival Paris l’été
Création des Nouvelles de l’Invisible (d’après Sur la Piste animale, de Baptiste Morizot) au Lycée Jacques Decour

17 et 18 Juillet 2021
Festival Les Tombées de la Nuit
Création du Prélude de Pan à Bécherel. Montage réalisé in situ grâce aux entretiens documentaires menés sur place (Michel et Jean-Sébastien Piel, Hervé le Perf, Michel et Fabienne Dubreuil, Ronan Marquet...), en dialogue avec la nouvelle de Jean Giono.

26 Septembre 2020
Le Sillon, Scène conventionnée Clermont-l'Herault
Création de la première partie de Que ma joie demeure, dans l’Hérault, au cours d’une randonnée partant du hameau des Montades à 7h du matin, jusqu’au hameau des Crozes

Été 2020
Alpes de Haute-Provence
Début du travail d’adaptation de Que ma joie demeure, avec Romain de Becdelièvre, sur les routes des Alpes de Haute Provence.
Première collecte de témoignages de paysans dans le pays de Giono (Benoit Henoc, André Bucher…) et première résidence d’une semaine avec les acteurs dans le village de Camplong, (Hérault).

Les coproductions

Festival Paris l’été, Le Sillon - Scène conventionnée (Clermont-l’Hérault), TNP Villeurbanne, Communauté de communes du Haut-Lignon, Festival Les Tombées de la Nuit (Rennes), Le Channel Scène nationale de Calais, L’Estive Scène nationale de Foix et d’Ariège, Pronomade(s) en Haute-Garonne Centre national des arts de la rue et de l’espace public, Théâtre de Villefranche-sur-Saône - Avec le soutien de la DRAC Auvergne Rhône-Alpes 

Jeu

JADE FORTINEAU

Jade Fortineau s'est formée au Studio théâtre d’Asnières et au Conservatoire National d’Art Dramatique entre 2012 et 2016. Depuis sa sortie en 2016, Jade, très intéressée par les écritures contemporaines, alterne des classiques, comme Marie Tudor, Le Songe d’une Nuit d’été, La Cerisaie, ou bien Les Justes aux côtés de Philippe Calvario, Lisa Wurmser, Nicolas Liautard//Magalie Nadaud et Bertrand de Roffignac, avec des créations d’auteurs vivants. Elle joue notamment dans Carmen de Lucie Digout, Une Bête Ordinaire de Stéphanie Marchais, mise en scène de Véronique Bellegarde, Lucy in the Sky de Bérangère Jannelle, Pangolarium de Nicolas Liautard//Magalie Nadaud. Elle participe au festival Lyncéus d’écriture contemporaine en 2018, et collabore sur plusieurs créations – Défenestrations, Notre Innocence, Fauves, Littoral et Racine Carrée du verbe être – avec Wajdi Mouawad

HATICE ÖZER

Après des études d'arts plastiques, elle se forme au théâtre au conservatoire de Toulouse et à l'atelier Ier Acte au Théâtre National de Strasbourg. En tant que comédienne, elle joue sous la direction de Wajdi Mouawad (Notre Innocence, Littoral), Julie Bérès (Désobéir), Julien Fisera (Raconter la ville) ; et dans des spectacles musicaux sous la direction de Jeanne Candel & Samuel Achache (La Chute de la maison), Mohamed Bouadla (Big Bang d'un nouveau monde). En tant que chanteuse, elle joue avec des groupes d’improvisation et de musiques actuelles (Grand bazar, Rhizomes). Depuis 2021, elle écrit et met en scène ses propres spectacles qui allient le théâtre et la musique : Le chant du père (2022), et dernièrement KOUDOUR avec le compositeur Antonin Trí Hoang.

PIERRE GIAFFERI

Formé à la Classe Libre du cours Florent, à l'Ecole Supérieur d'Etudes Cinématographiques puis au Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique. Il a joué au théâtre sous la direction de Elsa Granat, Jean-Paul Wenzel, Lena Paugam, Benjamin Porée, Thibaut Wenger, Clément Poirée, Sterenn Guirriec, Clément Bondu, Pierre Niney. Au cinéma, il a tourné dans La Danseuse de Stéphanie Di Giusto (Un certain regard/ Cannes 2016), Aurore de Blandine Lenoir, Merci monsieur Imada de Sylvain Chomet (Talents Adami Cannes 2016). Il est aussi auteur, metteur en scène et réalisateur. Au théâtre, il monte L'Epouvantail d'après le film de Schatzberg, Le Chevalier de la Lune ou Sir John Falstaff de Crommelynck, Les Mains Négatives d'après le poème de Duras, Nuits Blanches adapté du roman de Dostoïevski et Bataille, sa première pièce en tant qu'auteur qui a reçu les encouragements d'ARTCENA. En 2022, il crée de sa deuxième pièce Toranda Moore aux Plateaux Sauvages. Depuis 2018, il écrit et réalise plusieurs courts métrages, On reviendra l’été, Corrida, Désert et À nos fantômes, sélectionnés dans des festivals internationaux et diffusés sur OCS. Actuellement, il écrit et développe son nouveau projet Gloire aux Vaincus conçu à la fois comme une pièce de théâtre et pour le cinéma dans un format long-métrage.

HECTOR MANUEL

Après avoir découvert le théâtre au lycée à Marseille, il intègre le Conservatoire régional de Starsbourg en 2010, où il suit les enseignements de Christian Rist et Olivier Achard. Entré en 2012 à l’École du TNB de Rennes, il se forme entre autres auprès d'Éric Lacascade, Armel Roussel et Jean-François Sivadier. À sa sortie d'école en 2015 il forme avec ses camarades le collectif BAJOUR et joue dans Constellations mis en scène par Éric Lacascade. Au sein de BAJOUR, il est scénographe et acteur dans Un homme qui fume c’est plus sain (Prix des lycéens au Festival Impatience 2017), joue dans À l’ouest, met en scène L’île. Il jouera dans L’Éclipse et prépare sa prochaine mise en scène, FauWstt. Il joue au Festival d’Avignon 2016 dans le feuilleton théâtral Le Ciel, La Nuit et la Pierre Glorieuse, création collective de La Piccola Familia. Il joue ensuite dans Songes & Métamorphoses de Guillaume Vincent, Tous les enfants veulent faire comme les grands écrit et mis en scène par Laurent Cazanave, En réalités (Prix du jury et prix du public 2018 des Jeunes metteurs en scène du Théâtre 13) et La Brande mis en scène par Alice Vannier, et dans Tout le monde ne peut pas être orphelin avec Les Chiens de Navarre. Au cinéma, il joue pour Jean-Christophe Meurisse dans Oranges sanguines et sera dans Les Pistolets en plastique. Il est membre du groupe de musique Pauls & le vent.

CLARA MAYER

Formée à l’école Claude Mathieu et au CNSAD, elle joue dans de nombreuses créations de Jean Bellorini : Tempête sous un crâne d’après Les Misérables, de Victor Hugo, Paroles gelées d’après le Quart Livre de Rabelais, Liliom de Ferenc Molnar, La Bonne âme du Se-Tchouan de Bertholt Brecht, Karamazov d’après Les frères Karamazov, de Dostoïevski, Le jeu des ombres de Valere Novarina et Le Sucidé de Nikolai Erdmann. Elle joue dans 2 créations : Danser à Lughnasa de Brian Freil, et La vieille fille de Balzac dans le cadre d’une tournée des villages dans le Maine et Loire. En 2017, elle joue dans Les petites Reines, mis en scène par Justine Heynemann. En 2018, elle participe au festival du Théâtre du Roi de Cœur en Dordogne. Elle participe également à des stages, notamment avec Manuel Poirier, Joël Pommerat, Jean-François Sivadier et Krystian Lupa.

MICKAEL PINELLI

Mickaël Ancelin Pinelli se forme à L’Ecole Nationale Supérieure des Arts et des Techniques du Théâtre (ENSATT). À sa sortie, il travaille avec des metteurs en scène comme Simon Delétang, Philippe Delaigue, Christian Schiaretti, Olivier Maurin, Pascale Daniel-Lacombe, Vincent Garranger, Claudia Stavisky, Aymeric Lecerf, Philippe Adrien, Thierry Bordereau, Michaël Maïno, Yohann Manca Matilla, Vassili Noulas, Guy Delamotte, Antonella Amirante, Louise Vignaud, Julie Guichard, Gwenaël Morin, Aurélie Edeline, Olivier Borle et Jean-Yves Ruf. Sous leur direction, il joue des pièces de Bernard-Marie Koltès, Anja Hilling, Molière, Paul Claudel, Marc Becker, Desmaret de Saint-Sorlin, Fernando Arrabal, Fédor Dostoïevski, Sylvain Levey, Ferdinand Bruckner, Harold Pinter, Arthur Miller, Howard Barker, Studs Terkel, Hédi Tillette de Clermont-tonnerre, Konstantinos Tzikas, Manolis Tsipos, Oriza Hirata, Michel Santeramo, Joséphine Chaffin, Samuel Pivo, Pier paolo Pasolini, Jean Racine, Caldéron, Ivan Viripaev, Métie Navajo et Albert Cohen

Conception, écriture et mise en scène

Clara Hédouin, metteuse en scène, co-autrice et directrice artistique

Elle intègre l’ENS-Lyon en 2008. Là, elle met en scène ses premiers spectacles. A partir de 2011, elle se forme comme comédienne au Studio-Théâtre d’Asnières puis à l’Ecole du jeu. En tant qu’actrice, elle travaille ensuite avec Gwenaël Morin, tourne sous la direction de Cosme Castro ou Aude Thuries ; crée et joue « Suspended Beirut » en trio avec Mayya Sambar et Julian Eggericks. Mais dès 2012, elle entreprend surtout un nouveau projet de création au long cours, Les Trois Mousquetaires — La Série, et com- mence à cette occasion sa collaboration avec Jade Herbulot et Romain de Becdelièvre. L’aventure se développe sur les 10 années suivantes avec le Collectif 49701, et comprend à présent 6 spectacles, réunit une vingtaine d’acteurs et tourne dans toute la France, hors les murs des théâtres. Pendant les mêmes années Clara écrit et soutient une thèse de doctorat en Études théâtrales, La tentation épique - épique et épopée sur les scènes françaises - (1989-2018), publiée en 2022 chez Classiques Garnier. Elle enseigne ré- gulièrement à l’Université de Rennes 2 et à celle de Paris-Ouest-Nanterre, et participe à différentes performances, séminaires et workshops organi- sés par Christian Biet, notamment autour du répertoire du XVIIIème de la Comédie Française. À partir de 2020, elle ouvre un nouveau chantier théâtral, tourné vers la question du vivant, nommé « Manger le soleil », et se penche en particulier sur l’œuvre de Jean Giono, notamment « Que ma joie demeure », poursuivant ainsi son exploration des formes épiques et collectives en extérieur.

Romain de Becdelievre, co-auteur

Après une formation en lettres modernes et études théâtrales, il collabore depuis 2011 à plusieurs émissions sur France Culture (On ne parle pas la bouche pleine ! Pas la peine de crier, Les Nouvelles Vagues et Par les temps qui courent). Pour la même station, il produit au cours de la saison 2021-2022 la chronique quotidienne La Pièce Jointe et l’émission hebdomadaire Culture Séries, puis plusieurs documentaires en 2022-2023 (Toute une vie et Les Grandes Traversées). A partir de 2012, il collabore avec le Collectif 49701 en tant qu’auteur et conseiller dramaturgique sur la création des Trois Mousquetaires, la série, puis avec Clara Hédouin autour du projet Manger le soleil (Que ma joie demeure et Prélude de Pan d'après Jean Giono). Il écrit par ailleurs des textes critiques pour les revues en ligne AOC et En attendant Nadeau.

Collaborateurs artistiques

BAPTISTE MORIZOT, PHILOSOPHE ASSOCIÉ AU PROJET

Baptiste Morizot est un enseignant-chercheur en philosophie française, maître de conférences à l'université d'Aix-Marseille. Ses recherches portent principalement sur les relations entre l'humain et le reste du vivant. Baptiste Morizot et Clara Hédouin se rencontrent à l'École normale supérieure de Lyon, où ils créent ensemble différents spectacles, et notamment La Vie de Galillée, de Brecht. Après sa thèse sur Gilbert Simondon, les recherches de Baptiste se sont tournées vers la place des humains dans le vivant. Son premier ouvrage Les Diplomates. Cohabiter avec les loups sur une autre carte du vivant, reçoit le prix du livre de la Fondation de l'écologie politique en 2016 et le prix de la Fondation François Sommer en 2017. Il y défend la possibilité d'établir des relations entre les humains et les autres vivants, qui échappent aux modèles traditionnels (gestion, régulation quantitative, sanctuarisation), sous la forme de ce qu'il appelle une « diplomatie ». Son ouvrage suivant, Sur la piste animale (2018), aborde le pistage à travers différents récits. Morizot défend également la pertinence d'une nouvelle grammaire environnementale pour qualifier nos relations avec les autres vivants dans l'article Nouvelles alliances avec la terre. Une cohabitation diplomatique avec le vivant, et surtout dans Manières d’être vivant puis Raviver les braises du vivant, ses deux ouvrages suivants. En 2021, Baptiste et Clara collaborent ensemble autour de Que ma joie demeure, avec Des nouvelles de l'invisible, un montage de ses textes destiné à la lecture, et depuis, à une adaptation de ses textes pour la scène.

ERIC DIDRY, COLLABORATEUR ARTISTIQUE (DES NOUVELLES DE L'INVISIBLE)

Eric Didry est metteur en scène et pédagogue. Il se forme auprès de Claude Régy, comme assistant à la mise en scène et comme lecteur pour les Ateliers Contemporains. Depuis son premier spectacle, Boltanski/Interview d’après l’émission de France Culture « Le bon plaisir de Christian Boltanski par Jean Daive », il cherche à élargir le champ théâtral pour réinterroger la place et la perception du spectateur. Avec Récits/Reconstitutions, puis Compositions, il travaille sur la notion de récit et sur la façon dont on peut reconvoquer des expériences vécues sur un plateau de théâtre.Il a mis en scène notamment les projets de Nicolas Bouchaud : loi du marcheur (entretien avec Serge Daney), Un métier idéal de John Berger, Le Méridien de Paul Celan, Maîtres anciens, comédie de Thomas Bernhard. Un vivant qui passe d’après le film de Claude Lanzmann. Il a également mis en scène Qui-Vive puis Dans la peau d’un magicien, spectacles conçus avec Thierry Collet. Il collabore avec d’autres artistes comme les chorégraphes Sylvain Prunenec et Loïc Touzé, le créateur son Manuel Coursin, le poète sonore Anne-James Chaton. Il a travaillé comme collaborateur artistique de Simon Gauchet sur L’expérience de l’arbre et sur La grande marée. Il anime régulièrement, en France et à l’étranger, des ateliers de récits avec des acteurs et des danseurs.

MAXIME LE GAC OLANIÉ, COLLABORATEUR ARTISTIQUE (LES OISEAUX MIGRATEURS)

Maxime Le Gac-Olanié se forme à la Classe Libre des Cours Florent, puis au Conservatoire national supérieur d’Art dramatique de Paris. Il a joué notamment aux Bouffes du Nord sous la direction d’Olivier Tchang Tchong, dans des textes de Lars Norén. À La Tempête, il joue dans Pays Lointain de Jean-Luc Lagarce, mis en scène par Jean-Pierre Garnier. Depuis 2012, il travaille sous la direction de Wajdi Mouawad dans plusieurs de ses pièces, notamment Notre Innocence, Littoral, Fauves, ou Racine carrée du verbe être. Il a intégré le Collectif 49701 et le projet Les Trois Mousquetaires — La Série, où il joue d’Artagnan, mais participe également aux réflexions qui animent Clara Hédouin et qui la mènent à l'élaboration de Que ma joie demeure. En 2023, ils montent ensemble, ainsi qu'avec Pierre Giafferi, une Fabbrika au Channel, scène nationale de Calais : Les oiseaux migrateurs.

Technique et costumes

Coordination technique et régie générale : André Néri
Régie Générale : Jaomin Vasseur
Régie Son : Franck Gélie et Johann Gilles
Costumes : Nelly Geyres, Anna Rinzo et les artistes

Images

25 septembre, Répétition du Premier Tableau – La Rencontre
25 septembre, Répétition du Tableau 4 – Le Cerf

Presse

Dossier

Mise en scène

Clara Hédouin
clara.hedouin@gmail.com

Production / administration

Alice Ramond
mangerlesoleil@gmail.com
OU
aliceramond@hotmail.fr
06 70 85 09 73

Régie, coordination technique

André Néri
andre.neri@orange.fr
06 79 81 28 62